Réponse à Charlie Hebdo

Suite à un article erroné paru dans l’hebdomadaire Charlie Hebdo, Corinne Valls, Maire de Romainville, a adressé un courrier au Rédacteur en chef en demandant un droit de réponse.

« Monsieur le Rédacteur en chef,

Dans le numéro 1409 de Charlie Hebdo du 24 juillet 2019, un article de Fabrice Nicolino me met directement en cause concernant deux projets portés par la municipalité. Je souhaite donc un droit de réponse afin de rectifier certaines contre-vérités rédigées dans cet article.

Tout d’abord concernant la Cité Maraichère. Il est indiqué que notre projet fonctionnera avec des lampes à diodes électromuminescentes (LED) et en hydroponie. C’est faux ! Notre modèle d’exploitation agricole prévoit une activité maraichère en bacs de culture sur substrat circulaire. De plus la disposition, les volumes et matériaux ont été pensés pour maximiser l’apport de lumière naturelle. Les aménagements intérieurs, locaux techniques et de stockages permettront de répondre aux besoins des exploitants en assurant des conditions de travail optimales. Pour assurer une production écologique, le projet prévoit une ventilation naturelle, la récupération des eaux de pluie et l’utilisation de compost. Enfin, soucieux de porter un projet durable, les concepteurs du projet ont imaginé une enveloppe renforcée pour une meilleure isolation du bâtiment, des écrans mobiles et thermiques visant à limiter les déperditions de chaleur en hiver et à lutter contre la surchauffe en été. La gestion et le contrôle des installations techniques seront optimisés afin de permettre une régulation fine de l’irrigation. Il s’agit donc d’un véritable projet axé sur le développement durable.

De plus à aucun moment cette Cité Maraichère n’a vocation « à détruire un élan réel en faveur d’une agriculture périurbaine pérenne ». La Cité Maraichère et l’agriculture urbaine dans sa globalité est un complément à l’agriculture traditionnel mais aussi à l’agriculture périurbaine. Au regard de l’évolution de la population en France mais également au niveau mondial il est nécessaire de trouver d’autres espaces agricoles. La réintroduction de l’agriculture dans le milieu urbain prend tout son sens. La Seine-Saint-Denis a longtemps été une terre agricole. Jusqu’à une période relativement récente, les communes de la petite couronne, et en particulier Romainville, ont vu perdurer des exploitations maraîchères de petite taille, assurant une partie de leur approvisionnement en primeurs. Il s’agit d’un retour en source. La Cité maraichère est un projet économique et social ambitieux. Il permet de développer une nouvelle filière économique et de créer une dizaine d’emplois locaux et non délocalisables en favorisant l’insertion des publics les plus éloignés du monde du travail. En résumé, il s’agit d’une démarche d’économie sociale et solidaire. Cette exploitation maraîchère permettra de développer de nouvelles compétences locales et des qualifications professionnelles à destination des habitant·e·s du territoire sur des métiers d’avenir.

Car l’enjeu de ce projet, outre de fournir un exemple concret et partageable, est de mettre sur pied ce nouveau modèle économique d’une activité agricole urbaine et une modification des comportement alimentaires en sensibilisant les Romainvilloises et les Romainvillois à l’importance d’une alimentation durable, qu’ils soient moins tentés de faire leur course sans connaitre ni l’origine de leurs fruits et légumes ni la façon dont ils ont été cultivés. La Cité Maraichère sera une vitrine des techniques et des innovations en matière d’agriculture urbaine, le lieu d’une petite révolution gastronomique métropolitaine qui, je l’espère, inspirera d’autres communes.

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a adopté récemment un avis sur l’agriculture urbaine comportant aussi des contre-vérités sur le projet de la Cité Maraîchère de Romainville ce qui peut induire en erreur. J’ai donc également adressé un courrier de réponse à Monsieur Patrick Bernasconi, Président du CESE ainsi qu’aux deux rapporteurs afin que ce rapport soit rectifié rapidement.

M. Fabrice Nicolino revient également sur le projet de base de loisirs de la Corniche des Forts qui « sacrifie les arbres, les oiseaux et la nature ». En 2012, à l’époque où je l’ai rencontré, un projet de base de loisirs était à l’étude. Projet qui s’est radicalement modifié pour devenir une promenade écologique afin d’ouvrir un nouvel espace naturel au public.

Il offrira un équilibre entre des espaces verts respectueux de l’environnement ouverts aux habitant·e·s et la préservation d’une nature spontanée. Ouvrir un espace vert pour toutes et tous, c’est justement permettre de défendre la place de la nature en ville. Préserver les espaces naturels, c’est favoriser la biodiversité.

Le projet d’aménagement de la promenade écologique de la Corniche des Forts répond donc à ces objectifs. Sur les 28 hectares aujourd’hui fermés et dangereux, seuls 8 hectares sont actuellement en cours de comblement :

– 4,5 hectares vont former une zone consacrée aux loisirs et à l’observation de la nature

– 2,4 hectares de zone d’éco-pâturage, fermée au public mais entourée d’un chemin d’observation, pour permettre le développement de nouvelles espèces végétales et limiter l’expansion d’espèces invasives comme la Renouée du Japon. Cette zone redeviendra à terme boisée de façon naturelle.

– 1,1 hectare pour une zone d’activités ludiques créée dans un second temps.

– Les 20 hectares restants seront complètement fermés au public et sanctuarisés, permettant ainsi au bois, aujourd’hui à un stade de développement jeune, de devenir mature.

De nombreuses Romainvilloises et nombreux Romainvillois attendent l’ouverture de ce nouvel espace vert pour améliorer leur cadre de vie et accéder à un nouvel îlot de fraîcheur.

Pour terminer, M. Nicolino m’accuse d’avoir densifié et bétonné la ville. Au début des années 2000, nous avons élaboré notre projet de ville avec pour fil conducteur l’amélioration notable du cadre de vie des habitants pour inscrire Romainville dans une réelle action politique d’un territoire dynamique et durable. A ce titre, nous avons amplement requalifié l’habitat social, réhabilité et crée de nouveaux équipements publics, préservé l’environnement et ainsi développé bon nombre d’activités municipales hautement qualitatives. De plus, nous voulons permettre le parcours résidentiel des habitants, d’où la nécessité de construire en lien avec notre Plan local d’urbanisme qui met l’accent sur le patrimoine bâti issu des différentes époques d’urbanisation de la commune.

Non Romainville n’a pas été massacrée sur l’autel de l’industrie et du béton. Au contraire notre histoire départementale nous a légué beaucoup de friches industrielles, de terrains susceptibles de se rendre disponibles pour accueillir des programmes d’aménagement. L’aménagement de la ZAC de l’Horloge, où nous créons un nouveau quartier multifonctionnel au cœur de la Plaine de l’Ourcq pour y mêler habitat, commerces et emploi à la place des anciennes industries pharmaceutiques en est le parfait exemple. Cette ZAC prévoit également d’accueillir un pôle culturel à rayonnement métropolitain et hébergera une fondation dédiée à l’art contemporain et le Fonds régional d’art contemporain d’Ile-de-France. Je peux également évoquer le renouvellement urbain du quartier Youri Gagarine, futur éco quartier ambitieux et innovant en matière de développement durable.

En espérant obtenir ce droit de réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur le Rédacteur en chef, mes salutations distinguées.« 

Mobilisons-nous contre la privatisation d’Aéroports de Paris

Le gouvernement a annoncé, dans le cadre de la loi du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises (dite loi PACTE), sa volonté de confier le financement, l’exploitation et le développement d’Aéroports de Paris (ADP) à un groupe privé.

Depuis les premières réflexions initiées par le gouvernement en mars 2018, Corinne Valls, Maire, aux cotés de Stéphane Troussel, Président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, a exprimé son opposition à une telle privatisation. En mars 2019 Corinne Valls a d’ailleurs été signataire avec de nombreux elu.e.s d’une tribune demandant à renoncer à ce projet qui ne se justifie en aucune façon.

D’abord parce que le groupe ADP se porte bien financièrement. Premier exploitant mondial d’aéroports, l’entreprise accueillera près de 120 millions de visiteurs à l’horizon 2022 en France, le cours de son action a crû de 160% en cinq ans, son taux de 7 % de profit lui permet de générer pour l’Etat 175 millions de dividendes, en constante progression. Des dividendes qui pourraient être consacrés au financement de l’innovation mais qui iront, en cas de privatisation, intégralement dans les poches d’investisseurs privés. De plus, le montage financier que le gouvernement envisage confine à l’absurde : l’Etat indemnisera les actionnaires minoritaires en début de concession pour plusieurs centaines de millions d’euros et devra racheter les actifs d’ADP en fin de concession pour plusieurs milliards !

Ensuite et surtout parce que les aéroports sont des infrastructures de service public et des outils stratégiques en matière d’aménagement du territoire, de mobilité, d’emploi, de sécurité nationale, de transition écologique, etc. ADP n’est pas une entreprise comme les autres. C’est un service public d’intérêt national, un monopole naturel, une frontière extérieure stratégique, un outil de souveraineté, un fleuron du patrimoine national, un leader mondial.

ADP est aménageur, exploitant et développeur ; cette société dispose de 6680 ha de terrains, sans équivalent en Europe.  C’est une entreprise placée au cœur des intérêts stratégiques de la France, au centre des projets d’aménagement de la région francilienne, la ligne 17 du métro du Grand Paris, Cœur d’Orly et ses 15 hectares de quartier d’affaires avec sa plate-forme multimodale. C’est aussi le premier pôle d’emplois francilien.

Les enjeux sont considérables. A ceux de sécurité et de souveraineté, s’ajoutent des enjeux régionaux tels que la maîtrise du foncier, l’emploi ou l’environnement.

Aujourd’hui, grâce à la mobilisation de parlementaires, la procédure pour un référendum d’initiative partagée sur cette question est possible si, d’ici neuf mois, 4,7 millions de citoyen·ne·s se mobilisent et signent le projet de Référendum d’initiative partagée destiné à ratifier une proposition de loi visant à affirmer le caractère de service public national de l’exploitation des aéroports de Paris.

Nous invitons l’ensemble des Romainvillois·es, à signer ce projet sur www.referendum.interieur.gouv.fr et à se mobiliser contre la privatisation d’ADP et pour défendre le service public !